Des rouges intenses et suaves, un millésime solaire et un potentiel de garde encore impressionnant. Châteauneuf-du-Pape réserve de grands vins sur le millésime 2009. Mais à travers la dégustation, c’est un blanc qui a vraiment créé la sensation…
Châteauneuf-du-Pape – 2009 était une année chaude. L’ensoleillement a été abondant et le millésime s’est montré précoce. Près de dix ans après, les vins commencent à peine à s’ouvrir et à révéler leurs secrets. On parle d’intensité, de maturité, de puissance, de chaleur, de minéralité et d’élégance. Mais aussi d’un fameux potentiel de garde.
Figure de la sommellerie française, Meilleur Ouvrier de France Maître d’hôtel et directeur du Taillevent (Paris), Antoine Pétrus a relevé de sa présence l’atelier des Printemps de Châteauneuf-du-Pape consacré à ce millésime

« Ces vins n’ont que dix ans et c’est un minimum, explique-t-il. Les 2009 commencent à peine à s’ouvrir. Encore cinq ans et ce sera bon. Ces vins demandent du soin et de l’attention dans le service. Il faut les préparer, les carafer. Après cinq heures d’ouverture, ils atteignent ici leur équilibre. »
Huit vins à déguster pour tenter de cerner les subtilités du millésime. On évoque la chaleur avec un Château Jas de Bressy, la texture, l’ampleur et le velouté avec la cuvée Jumille du Domaine Saint-Paul, la douceur des tanins des Safres du Clos du Caillou ou les tanins poudrés de la Cornelia Constanza du Domaine de la Solitude. Ou encore la grande intensité des Hautes Brusquières du Domaine de la Charbonnière, un vin féminin, la dimension des fruits noirs du Chante le Merle du Bosquet des Papes ou, pour terminer les rouges, le côté toasté ou brioché de la réserve des vieilles vignes du Domaine Roger Perrin.
« L’homme peut marquer, il peut partir, mais il en reste son œuvre »
Le grand vainqueur, la révélation ? Le Clos du Belvédère du Château de Vaudieu. Le seul blanc parmi la dégustation. Somptueux. « L’apport du bois lui donne de l’onctuosité, explique encore Antoine Pétrus. Le boisé exhorte la salinité et la minéralité. »
On dit qu’il faut savoir attendre les blancs. La dégustation achève de convaincre de laisser ses meilleures bouteilles à la cave pour quelques années.
Dix ans se sont écoulés depuis la vendange. Certains vignerons ne sont plus là. Mais leur empreinte reste. « L’homme peut marquer, il peut partir, mais il en reste son œuvre, expose Antoine Pétrus. Chaque génération apporte sa pierre à l’édifice et sa contribution. On est légataire et destinataire d’un héritage et d’un savoir-faire. Chaque génération apporte sa réflexion. Les anciens nous ont légué un patrimoine extraordinaire sur cette appellation mais je pense qu’elle a encore autant à vivre que ce qu’elle a déjà vécu. C’est une émulation absolument folle pour les prochains millésimes, années, décennies et siècles. »
Nicolas GIMENNE
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